Gérald Genty

« Quand j’achète un ticket à gratter, le seul moyen que j’ai trouvé d’être plus souvent content que déçu, c’est de commencer par « Nul si découvert ». Quand je découvre le zéro, c’est l’explosion de joie ! », rigole Gérald Genty.

Bien déterminé à voir du bon côté les choses de la vie, le chanteur aime tordre la réalité, la voir à l’envers afin qu’elle nous sourie.
Ce rêveur qui a bien les pieds sur terre aime se raconter des histoires et, avec sa guitare, en faire des chansons ; détourner des éléments du quotidien pour qu’elles se retournent à son avantage.

Son ambition, c’est de faire rentrer les gens dans un genre de 4ème dimension, « plutôt que d’aborder les « petites choses du quotidien » j’aime parler des grandes choses qui nous arrivent jamais ! ».
Toujours un carnet de notes à portée de main, il ne voit pas le monde comme nous. Loufoque (toujours) et mélancolique (parfois), l’univers où il évolue n’en finit pas de se développer, surprendre et séduire. Pas très loin d’un autre franc-tireur de la chanson française, le regretté et inclassable Nino Ferrer, capable de sauter d’un morceau drôle et léger à un autre beau et triste à pleurer.

Gérald, tel le grand Nino, aime le contraste, les décalages et ne pas se prendre au sérieux. Une des chansons de son premier album ne s’appelait-elle pas “Pour l’instant je suis pas encore trop connu, ça va, mais après… j’sais pas!” ? Quand certains abordent la chanson comme un tremplin rapide vers la célébrité, lui continue de la voir comme un artisanat sensible à la façon d’un Mathieu Boogaerts. Mais il ne suit décidément personne, comme le prouve « Nul si pas découvert », le troisième et le plus ambitieux des albums.

Repéré dans l’est de la France et maintenant installé en Vendée, cet artiste aime trop le mouvement pour finir avec une étiquette. Ou alors celle-ci sera double : moitié amuseur public moitié poète. Grand amateur de Raymond Devos et de calembours, Gérald manie en effet les mots comme personne.

De ses fantaisies verbales, ce blond facétieux tire le moteur de ses chansons. « Quand je tombe sur un jeu de mots, je brode autour une histoire, qui peut être loufoque, surréaliste mais qui possède toujours une certaine logique ».

Ainsi, “Mes copains, des agrégés” ou “Trop heureuses les poules” sont d’abord nées par la grâce de traits d’esprits, de fulgurances couchées sur papier avec fièvre. Mais, si

Gérald aime la mise en scène, on ne le verra jamais débiter des sketches dans un one man show.

Baignant dans leur humour subtil, ses textes ne prennent réellement formes que lorsqu’il leur adjoint une musique adéquate. Certes, les astuces lexicales et les homophonies le fascinent mais ce qui le motive le plus, c’est de composer, à partir de ces points de départ ludiques, des chansons qui toucheront les gens.

Prenez un des sommets de ce troisième album, “Ahhh, je tombe des nues”. Inspiré par une histoire vraie, ce récit d’un gagnant du loto trompé par un buraliste (avec des suites dans les idées, il le pousse à s’essayer au parachutisme) bénéficie d’un entêtant refrain pop qui va faire son chemin sur les radios.

Après Humble Héros (2004) et Le plus grand chanteur de tout l’étang (2006) qu’il avait bricolés essentiellement seul – avec parfois le renfort de copains – Gérald a eu envie de bouleverser ses habitudes, de remplacer les boucles par plus de vie grâce à des arrangements charnus et sensuels, « les changements, je mens pas, je les dois aux doigts de gens gentils et sains sympas venus pas nus faire écho dans mes chansons… ».

Il a ainsi proposé à son complice sur scène, le contrebassiste Sylvestre Perrusson (qui a collaboré avec des gens aussi divers que Camille, Rubin Steiner, Claire Di Terzi ou

Forgette mi note) de réaliser ce troisième album, lui laissant même carte blanche. Avec l’aide de Pablo Pico, le batteur habituel de Gérald, Sylvestre a ajouté des couleurs baroques aux chansons, insufflant ici ou là du swing hérité du jazz ou la chaleur d’un orgue Farfisa, le grain de percussions ou la noblesse d’un cor (“Trop heureuses les poules”).

Mais toujours en respectant l’esprit décalé qu’affectionne Gérald : « pour les cuivres, je les voulais les plus originaux possibles, qu’on n’hésite pas à les bousculer », explique le chanteur ravi.

Ayant toujours l’esprit de contradiction, ce jeune homme enjoué ajoute : « quand je travaille avec des musiciens, je leur demande souvent de m’arracher des larmes, de jouer des accords tristes ». Ce désir de contraste voit son illustration sur “Atelier moicramé” où de délicieux chœurs au parfum sixties (dus à la charmante chanteuse de Caravan Palace) font leur apparition. Cette chanson reflète bien l’état d’esprit iconoclaste de Gérald. D’apparence légère et désinvolte, “Atelier moicramé” résume de manière exemplaire la méthode Genty : avec le sourire aux lèvres, Gérald y aborde en effet un sujet gravissime, celui des inconscients qui s’exposent en plein cagnard et risquent le cancer de la peau.

« On l’a mise en scène de manière joyeuse, avec des cuivres et des chœurs à la Walt Disney afin de tout dédramatiser », explique cet amateur d’humour qui adore les Idées noires dessinées par Franquin.

A la fois exubérante et mélancolique, “Tata E.T.” et son histoire d’extraterrestre fonctionne aussi selon ce singulier décalage, explosif moteur à deux temps qui constitue sa marque de fabrique.
Bon courage à ceux qui essayeront d’enfermer Gérald dans un style autre que le sien ! Quant aux imprudents qui le réduiraient à un chanteur « comique », ils en seront pour leurs frais, notamment quand ils saisiront l’ambiguïté d’une chanson comme “Tu n’es pas”. Déjà sur « Le plus grand chanteur de tout l’étang », “L’Hôpital” prenait à rebrousse poil avec son ambiance cafardeuse. Sur « Nul si pas découvert », “Tu n’es pas”, totalement dénuée de jeux de mots, tranche d’abord par son ton aigre doux et son thème. « Dans la vie, on se rend compte que les choses ne se passent pas comme on les avait rêvées. Mais on avance et ce n’est pas plus mal!», explique cet optimiste qui préfère rire de ses angoisses (et des nôtres).

C’est aussi la première fois que Gérald enregistre une chanson composée par un autre. En l’occurrence, on ne sort pas de la famille Genty puisque l’auteur n’est autre que son frère, Pascal !

Laissez vous séduire par cet album vivifiant, vous ne serez pas au bout de vos surprises. Vous n’entendrez sans doute pas d’autre chanteur embrasser avec autant de décontraction des sujets aussi divers que la retraite, le manque de courage des poules ou la vie et mort d’un vélo. Et pendant que vous succomberez à ses chansons colorées, sachez-le : pour la tournée qui suivra, Gérald a déjà des idées surprenantes. Après avoir reconstitué un étang lors de ses derniers concerts, que va-t-il inventer? Gérald Genty, le ticket gagnant de la chanson d’aujourd’hui.

Vincent Brunner.


Gérald Genty

Thursday 16 March 2017

Live session at 5pm – Free Entrance

« Quand j’achète un ticket à gratter, le seul moyen que j’ai trouvé d’être plus souvent content que déçu, c’est de commencer par « Nul si découvert ». Quand je découvre le zéro, c’est l’explosion de joie ! », rigole Gérald Genty.

Bien déterminé à voir du bon côté les choses de la vie, le chanteur aime tordre la réalité, la voir à l’envers afin qu’elle nous sourie.
Ce rêveur qui a bien les pieds sur terre aime se raconter des histoires et, avec sa guitare, en faire des chansons ; détourner des éléments du quotidien pour qu’elles se retournent à son avantage.

Son ambition, c’est de faire rentrer les gens dans un genre de 4ème dimension, « plutôt que d’aborder les « petites choses du quotidien » j’aime parler des grandes choses qui nous arrivent jamais ! ».
Toujours un carnet de notes à portée de main, il ne voit pas le monde comme nous. Loufoque (toujours) et mélancolique (parfois), l’univers où il évolue n’en finit pas de se développer, surprendre et séduire. Pas très loin d’un autre franc-tireur de la chanson française, le regretté et inclassable Nino Ferrer, capable de sauter d’un morceau drôle et léger à un autre beau et triste à pleurer.

Gérald, tel le grand Nino, aime le contraste, les décalages et ne pas se prendre au sérieux. Une des chansons de son premier album ne s’appelait-elle pas “Pour l’instant je suis pas encore trop connu, ça va, mais après… j’sais pas!” ? Quand certains abordent la chanson comme un tremplin rapide vers la célébrité, lui continue de la voir comme un artisanat sensible à la façon d’un Mathieu Boogaerts. Mais il ne suit décidément personne, comme le prouve « Nul si pas découvert », le troisième et le plus ambitieux des albums.

Repéré dans l’est de la France et maintenant installé en Vendée, cet artiste aime trop le mouvement pour finir avec une étiquette. Ou alors celle-ci sera double : moitié amuseur public moitié poète. Grand amateur de Raymond Devos et de calembours, Gérald manie en effet les mots comme personne.

De ses fantaisies verbales, ce blond facétieux tire le moteur de ses chansons. « Quand je tombe sur un jeu de mots, je brode autour une histoire, qui peut être loufoque, surréaliste mais qui possède toujours une certaine logique ».

Ainsi, “Mes copains, des agrégés” ou “Trop heureuses les poules” sont d’abord nées par la grâce de traits d’esprits, de fulgurances couchées sur papier avec fièvre. Mais, si

Gérald aime la mise en scène, on ne le verra jamais débiter des sketches dans un one man show.

Baignant dans leur humour subtil, ses textes ne prennent réellement formes que lorsqu’il leur adjoint une musique adéquate. Certes, les astuces lexicales et les homophonies le fascinent mais ce qui le motive le plus, c’est de composer, à partir de ces points de départ ludiques, des chansons qui toucheront les gens.

Prenez un des sommets de ce troisième album, “Ahhh, je tombe des nues”. Inspiré par une histoire vraie, ce récit d’un gagnant du loto trompé par un buraliste (avec des suites dans les idées, il le pousse à s’essayer au parachutisme) bénéficie d’un entêtant refrain pop qui va faire son chemin sur les radios.

Après Humble Héros (2004) et Le plus grand chanteur de tout l’étang (2006) qu’il avait bricolés essentiellement seul – avec parfois le renfort de copains – Gérald a eu envie de bouleverser ses habitudes, de remplacer les boucles par plus de vie grâce à des arrangements charnus et sensuels, « les changements, je mens pas, je les dois aux doigts de gens gentils et sains sympas venus pas nus faire écho dans mes chansons… ».

Il a ainsi proposé à son complice sur scène, le contrebassiste Sylvestre Perrusson (qui a collaboré avec des gens aussi divers que Camille, Rubin Steiner, Claire Di Terzi ou

Forgette mi note) de réaliser ce troisième album, lui laissant même carte blanche. Avec l’aide de Pablo Pico, le batteur habituel de Gérald, Sylvestre a ajouté des couleurs baroques aux chansons, insufflant ici ou là du swing hérité du jazz ou la chaleur d’un orgue Farfisa, le grain de percussions ou la noblesse d’un cor (“Trop heureuses les poules”).

Mais toujours en respectant l’esprit décalé qu’affectionne Gérald : « pour les cuivres, je les voulais les plus originaux possibles, qu’on n’hésite pas à les bousculer », explique le chanteur ravi.

Ayant toujours l’esprit de contradiction, ce jeune homme enjoué ajoute : « quand je travaille avec des musiciens, je leur demande souvent de m’arracher des larmes, de jouer des accords tristes ». Ce désir de contraste voit son illustration sur “Atelier moicramé” où de délicieux chœurs au parfum sixties (dus à la charmante chanteuse de Caravan Palace) font leur apparition. Cette chanson reflète bien l’état d’esprit iconoclaste de Gérald. D’apparence légère et désinvolte, “Atelier moicramé” résume de manière exemplaire la méthode Genty : avec le sourire aux lèvres, Gérald y aborde en effet un sujet gravissime, celui des inconscients qui s’exposent en plein cagnard et risquent le cancer de la peau.

« On l’a mise en scène de manière joyeuse, avec des cuivres et des chœurs à la Walt Disney afin de tout dédramatiser », explique cet amateur d’humour qui adore les Idées noires dessinées par Franquin.

A la fois exubérante et mélancolique, “Tata E.T.” et son histoire d’extraterrestre fonctionne aussi selon ce singulier décalage, explosif moteur à deux temps qui constitue sa marque de fabrique.
Bon courage à ceux qui essayeront d’enfermer Gérald dans un style autre que le sien ! Quant aux imprudents qui le réduiraient à un chanteur « comique », ils en seront pour leurs frais, notamment quand ils saisiront l’ambiguïté d’une chanson comme “Tu n’es pas”. Déjà sur « Le plus grand chanteur de tout l’étang », “L’Hôpital” prenait à rebrousse poil avec son ambiance cafardeuse. Sur « Nul si pas découvert », “Tu n’es pas”, totalement dénuée de jeux de mots, tranche d’abord par son ton aigre doux et son thème. « Dans la vie, on se rend compte que les choses ne se passent pas comme on les avait rêvées. Mais on avance et ce n’est pas plus mal!», explique cet optimiste qui préfère rire de ses angoisses (et des nôtres).

C’est aussi la première fois que Gérald enregistre une chanson composée par un autre. En l’occurrence, on ne sort pas de la famille Genty puisque l’auteur n’est autre que son frère, Pascal !

Laissez vous séduire par cet album vivifiant, vous ne serez pas au bout de vos surprises. Vous n’entendrez sans doute pas d’autre chanteur embrasser avec autant de décontraction des sujets aussi divers que la retraite, le manque de courage des poules ou la vie et mort d’un vélo. Et pendant que vous succomberez à ses chansons colorées, sachez-le : pour la tournée qui suivra, Gérald a déjà des idées surprenantes. Après avoir reconstitué un étang lors de ses derniers concerts, que va-t-il inventer? Gérald Genty, le ticket gagnant de la chanson d’aujourd’hui.

Vincent Brunner.


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